Interview
Anne LE LAN
Vice-Présidente de la CAB déléguée aux politiques de déplacement
EN ROUTE POUR
UNE MOBILITÉ DURABLE
De la prise de conscience au développement de la mobilité active
Retour en arrière, début du XXème siècle, la voiture n’a pas encore monopolisé l’espace
des villes et campagnes. Les déplacements du quotidien se font par la mobilité dite «active ou douce», celle des cycles et de la marche. Le développement économique, l’essor de l’industrie automobile, la reconstruction d’après-guerre vont faire la part belle
à la voiture donnant moins de place aux piétons et cyclistes.
Le territoire du Boulonnais, et notamment, le centre de l’agglomération n’échappe pas à la règle du tout voiture. Le long de la Liane, l’infrastructure routière est développée : la rive gauche pour l’accessibilité aux activités portuaires et économiques, la rive droite pour l’accès au centre-ville, à ses services et commerces. Cette hégémonie de la voiture va perdurer jusqu’à la fin du XXème siècle. La reconquête progressive de l’interface ville-port, l’ouverture de la liaison entre l’A16 et le Port, le développement touristique du Boulonnais permettent d’impulser une nouvelle dynamique et un requestionnement de la place des mobilités alternatives à la voiture individuelle, dont la marche et le vélo. D’un élément «accessoire» dans la mise en oeuvre des projets d’aménagements, la question de la mobilité active est devenue centrale, dans les réflexions qui s’engagent sur chaque projet d’aménagement, quelque soit sa destination et son échelle. L’enjeu est double pour le territoire avec une sécurisation des déplacements du quotidien, celle
des habitants, étudiants, salariés du territoire et un renforcement de l’attractivité touristique de la Côte d’Opale.
Développer l’attractivité touristique et le cadre de vie
Le Boulonnais est traversé sur sa façade littorale par la VELOROUTE maritime, voie de transit européenne pour les cycles. En 30 ans, notamment par l’action du Département, du Grand Site de France des 2 Caps et des collectivités locales, l’infrastructure s’est complétée avec en perspective la mise en place d’un réseau complet et continu pour traverser le territoire et découvrir la Côte d’Opale sans la voiture. Combiné à cette voie structurante, les communes et intercommunalités s’organisent pour accueillir et guider les visiteurs et habitants du territoire dans leur découverte et utilisation des espaces naturels et maritimes du Boulonnais. C’est ainsi que le Boulonnais a vu au cours des 10 dernières années l’aménagement des aires d’accueil du littoral qui permettent à la fois d’organiser et réguler l’accueil sur les sites balnéaires et de proposer des parcours de découverte en modes doux.
Penser une mobilité des actifs moins dépendante de la voiture
Fortement dépendant de la voiture individuelle, le tissu économique laisse progressivement plus de place aux modes doux. Ces 20 dernières années, la zone portuaire de Boulogne-sur-Mer s’est notamment dotée d’aménagements sécurisés pour répondre aux usagers de la zone (place importante de la marche pour les salariés).
A titre d’illustration, la création sur le site de l’ancienne usine sidérurgique de la COMILOG de la nouvelle zone économique «CAPECURE 2», s’est réalisée avec l’intégration des pistes cyclables et cheminements piétons pour sécuriser la mobilité. Plus récemment, la réouverture aux piétons de l’écluse du bassin Loubet permet un accès plus rapide et sécurisé entre les espaces portuaires.
Redonner de la place aux piétons et 2 roues dans la ville
Petit à petit, la voiture redonne de l’espace aux piétons et cyclistes. Un nouveau partage de la voirie et de l’espace public s’organise à l’image de la transformation des berges de la Liane : en passant d’une voirie en 2 x 2 voies à une promenade urbaine de 2 kms, ou encore de la requalification de l’Avenue Foch à Wimereux qui aura permis à la fois de traiter la qualité urbaine de la station et son ouverture à la mobilité active. A plus petite échelle, l’aménagement des nouveaux quartiers ou la requalification des anciens, mise aujourd’hui davantage sur le partage de l’espace et le ralentissement de la voiture. Les villes et villages travaillent sur la mobilité de la courte distance au profit des piétons et vélos.
Des infrastructures qui ont permis :
- Repenser les entrées de villes : exemple de la liaison A16 – port en entrée de Saint-Léonard, Saint-Martin-Boulogne, Outreau / arrivée sur la place de la République à Boulogne-sur-Mer,
- Retravailler les traversées de villages qui via la baisse de la pression automobile ont pu penser différemment l’espace (ex : traversée de ville Audinghen),
- Redonner une vie paisible au coeur des communes.