Interview

Olivier BARBARIN

Maire du Portel
Vice-Président de la CAB
délégué aux politiques de
l’eau et développement
balnéaire

L’EAU & SES ENJEUX

Ressource naturelle, l’eau est très présente dans le Boulonnais, du fait de sa façade maritime, mais aussi par la présence des trois principaux fleuves côtiers parcourant le territoire d’Est en Ouest : la Liane, le Wimereux, la Slack et leurs affluents.
L’eau contribue à la diversité et à la qualité des paysages et des écosystèmes du Boulonnais. Sa présence est un enjeu majeur.
La «Loi sur l’eau» du 3 janvier 1992, a formulé la politique de l’eau, reconnue, dans la loi, en tant que «patrimoine commun de la Nation». Cette loi a instauré une planification de la ressource au travers du Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion de l’Eau (SDAGE) et des Schémas d’Aménagement de la Gestion de l’Eau (SAGE). Le Boulonnais est couvert par ces outils de planification qui abordent tous les aspects de l’eau.

La qualité de l’eau et l’enjeu de la ressource
La gestion de la qualité de l’eau et de la ressource est fondamentale pour assurer l’approvisionnement des habitants et entreprises du territoire.
Outre les actions de préservation des ressources, de lutte contre les gaspillages et de diminution des consommations, en particulier dans l’industrie agroalimentaire, des efforts considérables ont été faits pour permettre un meilleur service public de l’eau (production, distribution, transport des eaux usées et traitement). Ainsi, en 30 ans, de nombreuses stations d’épuration ont été réalisées ou mises aux normes. La plus importante est la station Séliane inaugurée en 2005 avec un débit journalier de 20 000 m3. 
Afin d’améliorer la qualité des eaux, en particulier celles de baignade, le traitement des eaux pluviales a été amélioré, en particulier par l’aménagement des réseaux et des bassins afin de limiter le rejet vers le milieu naturel. Situé sous la place de France, un bassin de plus de 12 600 mètres cubes, a par exemple été inauguré en 2019. Il assure le stockage de l’eau de pluie lors des fortes précipitations et évite le rejet d’une eau de mauvaise qualité sanitaire et source de pollution directement en mer.

L’eau comme composante essentielle pour aménager l’espace
La gestion de l’eau n’est plus facultative, mais plutôt une nécessité imposée par les documents de planification territoriale. Ainsi, les projets d’aménagement intègrent désormais la gestion de l’eau comme une priorité.
Les objectifs sont nombreux :
• Permettre un retour de l’eau dans le milieu naturel pour recharger la ressource ;
• Limiter la surcharge des stations d’épuration par l’eau « propre » ;
• Réduire l’imperméabilisation des sols qui aggrave les risques de ruissellement.

Trois exemples illustrent, parmi de nombreux autres, cette intégration : l’aménagement des berges de la Liane en 2013, où des noues de rétention et d’infiltration ont été mises en place, la création de parkings paysagers infiltrants au Village des Métiers d’Art à Desvres et, à Wimereux, avec l’utilisation innovante de pavés poreux à base de coquilles Saint-Jacques dans le parking Foch en 2019.

L’eau et la gestion des risques inondations
Les paysages naturels, agricoles et urbains évoluent avec la présence des fleuves. De nombreux aménagements et adaptations sont mis en oeuvre au cours des années. Comme tout fleuve, Liane, Wimereux et Slack sont parfois capricieux et l’urbanisation développée au fur et à mesure des années sur les rives a pu être chahutée par des épisodes de débordement.
Ainsi pour se protéger des inondations et essayer de réguler les aléas des fleuves, plusieurs actions sont mises en oeuvre dont :
• La protection des espaces exposés aux risques : les Plans de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) ont été approuvés, en 2021 pour le Wimereux, et pour la Liane en 1996 puis actualisé en 2004 et 2021. Ces documents ont permis de préserver de l’urbanisation des espaces sous tension mais aussi de travailler avec les risques de l’eau dans la définition et conception des projets ;
• La mise en oeuvre de bassins d’expansion de crues sur les communes de Condette (bassin d’Ecames) ou encore d’Echinghen (Tournes) ;
• L’entretien et la gestion des berges. 
Les évolutions du climat nécessitent de poursuivre et de développer les travaux de prévention pour s’adapter et renforcer la résilience du territoire. Sur le volet maritime, le risque lié à la submersion marine est pris en compte dans les aménagements mais impose également de poursuivre les actions de prévention des risques. Les digues promenades de Wimereux et Wissant (2015) ont notamment fait l’objet de remise en état en tentant de tenir compte d’une évolution du niveau de la mer difficile à mesurer.