Interview

Patricia LECOEUVRE

Directrice de l’Agence Hauts-de-France 2020-2040

VERS UNE

SOBRIETE FONCIERE

La maîtrise de l’artificialisation des sols est devenue un objectif primordial à l’échelle européenne dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’enjeu fait aujourd’hui l’actualité et les engagements se sont accélérés ces cinq dernières années. Il faut néanmoins rappeler que cette trajectoire de lutte contre la consommation foncière au détriment des espaces agricoles et naturels n’est pas nouvelle.
L’Europe a adopté, en 2011, un principe fixant l’objectif de supprimer d’ici à 2050, toute augmentation nette de la surface de terre occupée, dans un but de préservation des ressources. Le droit de l’urbanisme français a été marqué depuis plusieurs décennies par de nombreuses lois qui ont progressivement renforcé cet objectif de protection des espaces agricoles et naturels. Sans être exhaustif : loi solidarité et renouvellement urbain en 2000, lois Grenelles en 2010, loi ALUR en 2014 et la loi Climat et Résilience en 2021.
Le territoire du Boulonnais s’est ainsi appuyé sur ces évolutions législatives pour définir son projet et ses ambitions d’aménagement. La protection des espaces naturels et agricoles est également une opportunité pour penser le développement autrement et valoriser le cadre paysager et naturel du territoire ainsi que soutenir le maintien de l’économie agricole.

Il est intéressant de noter qu’au cours des 30 dernières années, l’artificialisation des sols a connu une progression relativement modérée. En 1990, le territoire affichait un taux de 9,3% de sols artificialisés, contre 11,3% en 2018. Soit une augmentation de seulement 2%.
S’appuyant sur des documents d’urbanisme pour la plupart élaborés dans les années 70 et 80 (SDAU, POS, …), les intercommunalités du Boulonnais ont su préserver et valoriser leur patrimoine naturel et paysager qui fait la richesse du territoire.
Suite à la loi SRU, deux SCOTs ont été élaborés avec des objectifs de maîtrise de l’urbanisation et de diminution des consommations foncières puis 3 PLU intercommunaux ont traduit ces objectifs.
Au fil du temps, les espaces d’extension urbaine ont été fortement réduits au bénéfice d’un travail sur le renouvellement urbain, la densification, le traitement des friches, … démarches qui nécessitent un accompagnement en ingénierie renforcé. Il faut également souligner les démarches de valorisation du territoire et des paysages qui participent à maîtriser l’urbanisation. Ainsi, le Département du Pas-de-Calais a obtenu pour la première fois le label Grand Site de France le 29 mars 2011 pour son littoral emblématique des Deux Caps Gris-Nez, Blanc-Nez.

Ce label valorise à la fois le caractère exceptionnel du site mais aussi l’orientation portée sur sa préservation. Le Boulonnais est également un territoire du Parc Naturel Régional
des Caps et Marais d’Opale, né en 2000 du regroupement des parcs du Boulonnais et de l’Audomarois. Via ses missions de sensibilisation et d’accompagnement, le Parc participe activement, avec Boulogne-sur-Mer Développement Côte d’Opale, à penser autrement la consommation des sols.
On pourrait également citer, sans être exhaustif, les actions du Conservatoire du Littoral ou celles de la Région, du Département et des Communes qui portent et accompagnent le maintien et la préservation des paysages Boulonnais :
• Classement du marais de Condette en réserve naturelle régionale en 2009 avec fermeture de la route, aménagements de protection et découverte du patrimoine naturel,
• Mise en place de la Zone Agricole Protégée à Condette en 2012 (protection de 380 ha de toute urbanisation),
• Protection du Pré communal d’Ambleteuse, classé en 1991 comme réserve naturelle régionale,
• Démolition et renaturation du site économique dit de « Butel-Saison » à Isques.